L'APPRENTISSAGE EST MORT

Ah, que revienne l'apprentissage, celui à la "papa", celui que l'on choisissait (plus ou moins, pour certains, je vous l'accorde) mais qui donnait, à la fin, un travail avec du boulot.

Il faut revenir à un apprentissage tel qu'il existait avant. Bien sûr, les apprentis n'étaient pas rémunérés mais ils n'étaient pas question de les rentabiliser, ils étaient là pour apprendre et le patron pour enseigner, transmettre ses connaissances, ses secrets, son amour pour le métier qu'il exerçait.

Maintenant il faut rémunérer les jeunes pour leur apprendre un métier, c'est absurde ! je ne crois pas que la Fac ou les universités salarient leurs étudiants !!

Je parle de ce que je connais, la bijouterie, mais c'est valable, je pense pour tous les métiers manuels, et d'art.

Le patron, s'engageait à éduquer le jeune "en bon père de famille", c'était écrit sur le contrat d'apprentissage.

L'apprentissage, c'est pour le patron, du temps consacré et de l'argent parce qu'il y a forcément de la casse (outillage, métal...) et pour l'apprenti des doigts en lambeaux!!!! C'est métier qui rentre.

Je suis rentré en apprentissage à 16 ans. Durée 3 ans pour la bijouterie, 4 ans pour la joaillerie

La journée se passait à l'atelier et quelques soirs ans la semaine, j'allais prendre des cours théoriques et de dessin avec les autres apprentis de la profession

Je n'ai pas touché un seul bijou pendant les 2 premières années, c'est frustrant !

J'ai coupé, scier (d'où les doigts) tiré du fil. Enfin apprendre à se servir de tous les outils.

En principe, c'étaient les apprentis qui allaient au service la garantie. C'est là qu'est apposé le poinçon, la fameuse tête d'aigle qui garantie l'or à 18 carat.

Pour les examens, les apprentis étaient répartis dans les ateliers, afin qu'il ne puisse y avoir d'aide abusive. Une pièce de bijouterie à faire avec un temps donné.

Bien sûr, les patrons d'apprentissage donnaient un "petit quelque chose" à la fin du mois, c'était la récompense, ou pas !!

J'ai eu des apprentis, c'est un sacerdoce, il faut de la patience.

J'en ai eu un, qui n'arrêtait pas de me parler le musique, de piano. Je lui ai dit qu'il n'avait rien à faire dans la bijouterie. Il a intégrait l'école de Claude Nougaro.

Examen en poche, il n'y avait pas de problème pour trouver du travail. !!!

Je me suis installé à mon compte en 1976 et mon métier me passionne toujours, et j'apprends encore!!

Comments

[L'apprentie]

Merci pour cet article. Oui, je suis curieuse de voir revenir le temps de l'apprentissage "à papa" comme vous dîtes. Je ne l'ai pas connu mais moi qui cherche un apprentissage en bijouterie, je ne suis pas forcément contente de la situation actuelle.



Pleine de motivation, je me suis lancée à la quête de l'atelier de mon (futur) maître avec excitation. Il m'a fallu calmer mon enthousiasme pour passer par la rédaction du sacrosaint CV (qui met magnifiquement bien en avant mon manque d'expérience dans le domaine vu que je recherche un apprentissage en CAP) et lettre de motivation. Une fois cette petite étape passée, je suis repartie en prospection, persuadée que mon implication, mon sérieux et mes quelques connaissances esthétiques convaincraient rapidement un artisan désireux de transmettre son savoir. Sauf que voilà, prendre un apprenti, ça revient cher, et les artisans ne veulent pas de nous. La transmission du métier ? Pas s'il faut payer. Apprendre le métier aurait beau être la plus riche des rétributions que l'on me donnerait, la loi est la loi, le dispositif ne changera pas rien que pour moi. Alors me voilà après trois mois de recherche intensive de maître d'apprentissage, sans résultat probant. Le CFA a beau me dire "l'apprentissage c'est merveilleux", encore faut-il que les maîtres soient du même avis...